Une révolution par le haut éminente en Allemagne ?

Les élections dans l'Est de l'Allemagne témoignent de la colère des Allemands et d'une baisse de la confiance envers la coalition au pouvoir.
Toutes ces années le beau monde politique allemand était particulièrement préoccupé par une chute évidente de la popularité des partis "populaires" traditionnels – CDU (Union chrétienne-démocrate), sa sœur bavaroise CSU (Union chrétienne-sociale), ainsi que le SPD (parti social-démocrate), le plus ancien parti allemand. Un reflux d'électeurs a été constaté avant tout au profit des Verts, du parti Die Linke et notamment de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) qui gagne constamment en puissance. Ce n'est pas un hasard si la coalition dirigeante de Berlin CDU/CSU avec le SPD a eu autant de mal à se constituer début 2018. En ce moment on parle de plus en plus des "résultats les plus bas de l'histoire" pour ces partis.
La "sonnette d'alarme" a particulièrement retenti en septembre et en octobre, pendant les législatives régionales en Saxe (Dresde), à Brandebourg (Potsdam) et en Thuringe (Erfurt). Dans cette dernière, pour la première fois dans l'histoire de l'Allemagne Die Linke est arrivé en tête. Suivi par le parti d'extrême droite AfD. On ignore donc quand la Thuringe parviendra à constituer la coalition dirigeante. Car la CDU refuse absolument de coopérer avec AfD et Die Linke, or le résultat des sociaux-démocrates est si faible dans cette région que la coalition avec eux n'aurait aucune utilité pour Die Linke.
Ce zugzwang a visiblement été la dernière goutte qui a fait déborder le vase de la patience aux niveaux supérieurs du pouvoir à Berlin. Car il s'avère que plus de la moitié de la population de l'Est de l'Allemagne vote pour Die Linke et AfD contre la coalition au pouvoir dans la capitale. Que faire ? Après tout, ne pas attendre la révolution par le bas. Et en novembre, un coup d'essai d'une révolution par le haut a été marqué par la lettre du représentant de la CDU Peter Altmaier, ministre de l'Economie et de l'Energie, publiée dans le journal Rheinische Post. Elle parle ouvertement de la colère ressentie par la population.
A cet égard, le ministre trouve nécessaire de procéder à une profonde réforme du système politique allemand, et les partis "traditionnels" doivent se préparer aux changements, car "les élections de Thuringe marquent un tournant". Au vu de l'échec dans l'Est de l'Allemagne des "partis populaires" faisant partie de la coalition de Berlin, il faut tout faire pour "regagner la confiance des électeurs". C'est pourquoi Peter Altmaier suggère des démarches concrètes : la réduction du nombre de députés au Bundestag, du nombre de ministres et de leurs adjoints au gouvernement berlinois et du nombre des élections régionales. Le nombre de gens qui ne votent pas pour les partis "traditionnels" a doublé, le nombre de ces partis a été divisé par deux, et le nombre de députés du Bundestag grandit chaque année, explique Peter Altmaier. "Il est depuis longtemps question non pas d'un nouveau président du parti, candidat au poste de chancelier ou au siège ministériel, pas d'un nouveau compromis de coalition, mais il s'agit de questions fondamentales de confiance", écrit le ministre allemand de l'Economie et de l'Energie.
Tout en indiquant qu'il faut "être prêt aux réformes politiques fondamentales, même si elles sont douloureuses et frappent nos propres intérêts". Ainsi, il estime que la réforme parlementaire doit être lancée dès cette année en réduisant le nombre de députés du Bundestag de 40 personnes. Et faire ainsi tous les 4 ans. Le ministre appelle à une plus grande transparence du pouvoir "car la plupart des décisions sont prises à huis clos".
A noter que cette lettre du ministre du gouvernement d'Angela Merkel a été publiée peu de temps avant le Congrès de la CDU prévu pour les 22 et 23 novembre, qui se tiendra à Leipzig. Dans l'Est de l'Allemagne, où la CDU éprouve les plus grands problèmes, alors qu'AfD est soutenu par presqu'un tiers des électeurs. Il est évident que ce congrès ne portera pas seulement sur celui qui est susceptible de remplacer l'an prochain Angela Merkel au poste de chancelier, mais également sur les perspectives de la CDU et sur le chemin que le parti doit emprunter pour que les Allemands n'en soient pas définitivement déçus.
http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=1228
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