Les grands mythes, croire en la science
La science est devenue l’un des mantras du débat public, telle une déesse abritée des hommes et de leurs errements. Elle serait immaculée, pure recherche de la vérité au service du bien de l’humanité.
Cette conclusion viole l’histoire, car la science, elle ne suffit pas à améliorer le sort des hommes, elle peut et, a été manipulée et surtout, ces dernières années, le système d’attribution des fonds a rendu les institutions scientifiques sensibles au biais de financements.
La science est créditée des formidables progrès des derniers siècles.
Le trajet de l’homme sur Terre commence il y a des centaines de milliers d’années. Mais, depuis dix mille ans, avec l’invention de l’agriculture, l’homme entre dans l’histoire. Durant ces millénaires, sa condition dans cette vallée de larmes resta misérable, dépendant des cycles naturels et du lent progrès dans la sélection des semences. Tel Sisyphe avec son rocher, l’humanité tentait de progresser, mais à chaque génération tout était remis en question et personne ne savait si ses enfants vivraient mieux ou moins bien.
Puis, vers 1700-1800, commence le phénomène connu sous le nom de première révolution industrielle, bientôt suivi de la seconde et de la troisième. En corollaire, l’humanité est mieux nourrie, mieux approvisionnée en biens de consommation (Vêtements, chaussures, puis bientôt voiture). Grâce aux progrès de la médecine, elle passe d’un milliard d’humains sur terre en 1800 à huit aujourd’hui.
Période |
PIB par habitant estimé |
Remarques historiques clés |
An 1 |
450 $ |
Économie agraire, croissance quasi nulle. |
1000 |
450 $ |
Stagnation prolongée, notamment en Europe médiévale. |
1500 |
550 $ |
Début des explorations européennes, croissance modeste. |
1600 |
600 $ |
Essor des empires coloniaux, croissance lente. |
1700 |
650 $ |
Premiers signes de la révolution industrielle en Europe. |
1820 |
700 $ |
Révolution industrielle en cours, début de la croissance soutenue. |
1870 |
900 $ |
Expansion industrielle, urbanisation, progrès technologiques. |
1913 |
1 500 $ |
Avant la Première Guerre mondiale, apogée de la première mondialisation. |
1950 |
2 100 $ |
Après la Seconde Guerre mondiale, reconstruction et début des Trente Glorieuses. |
2000 |
6 000 $ |
Mondialisation accélérée, développement des technologies de l'information. |
2018 |
11 000 $ |
Croissance rapide des économies émergentes, notamment en Asie. |
Source principale : Angus Maddison, The World Economy : A Millennial Perspective, OCDE, 2001i.
On constate une stagnation durant l’Antiquité où les améliorations compensent à peine la fin de l’optimum climatique romain, puis un certain progrès durant la Renaissance, lié au déploiement des moulins, nous y reviendrons. Enfin une envolée des chiffres entre le XIXe et le XXe siècle. Il a bien fallu expliquer de tels progrès, et la doctrine actuelle privilégie l’invention de la méthode scientifique comme facteur à l’origine d’une telle révolution dans les affaires du monde. L’idée est admettons-le, séduisante, mais rappelons-nous que la science ne fait pas tout. Si les thèses suffisaient à produire du développement humain, la Grèce ou Rome auraient mis en service les machines à vapeur et les théories des savants atomistes. À ce jour, les archéologues n’ont pas mis en évidence des centrales nucléaires ou des voies de chemin de fer datant de cette époque. On peut le déplorer, mais c’est ainsi ! Malgré le formidable travail des savants d’Alexandrie, le fellah du temps de Cléopâtre attendaient toujours la crue du Nil.
Au contraire, l’amélioration des conditions de vie à la fin du Moyen Âge et au début de la Renaissance, marque la volonté de s’approprier de nouvelles sources énergétiques comme la puissance de l’eau et du vent. Aucune science nouvelle, ou si peu dans ces innovations, les Grecs, les Romains auraient pu installer ces fouloirs, ces moulins. Les grands navires à voile de l’Europe du XVe au XVIIIe siècle, auraient été à la portée de l’Antiquitée. À condition de le vouloir, et les sociétés esclavagistes du bassin méditerranéen n’en avaient pas l’usage.
Pas davantage que la Chine, l’Inde ou le Moyen-Orient, partout après un brillant démarrage, la technique stagne à un niveau suffisant pour assurer l’extraordinaire richesse d’une élite, sans égards pour l’extrême misère du reste de la population. Est-ce un hasard si le matérialisme historique marxiste parlera de lutte des classes, propos certes frappant de justice pour décrire l’appropriation permanente de la plus valeur de la société par un groupe social étroit. La technologie de l’exploitation inventée, pourquoi se risquer dans les chemins incertains du progrès technique ? Comme le disait Orwell :
En résumé, une société hiérarchisée n'était possible que sur la base de la pauvreté et de l'ignorance.
Message bien reçu, il fallait un minimum technologique pour assurer les luxes de la classe supérieure, mais surtout ne pas la remettre en question. La Grèce, Rome, la Chine portent cela au dernier degré, la civilisation arabe reprendra la martingale avec une composante commerciale plus marquée liée à son contrôle des routes de la soie qui permet l’enrichissement d’un réseau urbain et l’achat ou le pillage d’esclaves dans les margesii.
Toutes disposent de lettrés, de savants, et l’extraordinaire floraison d’innovation chinoises au moment de la flotte de Zheng Heiii démontre le potentiel inventif de la Chine ancienne si la volonté avait été là. Oserait-on penser l’inverse des Romains, des Grecs ou des Arabes ?
Nous avons donc une première nuance : le changement ne réside pas dans la technologie, mais dans la liberté accordée à la technologie pour se mettre en place. Ainsi, la Chine des Ming restreint le progrès et l’esprit critique pour préserver la structure politique existanteiv. Nous voilà bien loin de la fameuse méthode scientifique, innovation occidentale ayant permis d’accéder au monde moderne avec ses progrès et ses promesses de futur encore plus brillant.
En réalité, l’Occident fut probablement victime de sa fragmentation. Contrairement aux autres États, puissants et centralisés, le pouvoir politique manquait des moyens pour réprimer. Préoccupé par ses rivaux des États concurrents, perpétuellement en guerre, l’Occident ne pouvait aussi faire la guerre à ses peuples et, au contraire, le laisser-faire (certes relatif) accordé aux savants, aux marchands et aux entrepreneurs permettait de développer de nouvelles ressources fiscales vitales pour des États toujours désargentésv.
Le "progrès" occidental naît alors d’une configuration politique et sociale particulière et non d’une exceptionnelle capacité inventive. On s’entraîne plus facilement au marathon dans la rue que dans une cellule de prison.
Reste, nous dira-t-on, que sans science, pas de machine à vapeur, pas de trains, pas d’avions… Certes, mais revenons là aux bases. Combien de thèses sur la vapeur avant Newcomen, Watt et Stephenson ? En réalité, ils se sont surtout appuyés sur un lent travail d’ingénierie fait d’essais et d’erreurs, comme l’ont fait les artisans créateurs des moulins de la Renaissance. Les chercheurs qui cherchent, on en trouvait, se concentraient dans la théologie, la philosophie et autres sciences ésotériques bien utiles pour nourrir le discours dominant dans la société, mais dont la contribution à l’industrie humaine semble limitée.
En ce sens, l’université fut surtout ce que Michel Foucault nommait un discours de pouvoir, pouvons-nous le reprocher ? Les gouvernants doivent s’assurer de leur capacité à gouverner et la légitimité s’obtient plus facilement par la construction d’une vision du monde partagée par la société que par l’envoi de la troupe. Pour les marxistes, l’extraordinaire foi des constructeurs de cathédrales relève sûrement d’une forme d’aliénation mentale, Marx parlait d’opium du peuple, mais il assurait le pouvoir des papes et des rois, construisait des merveilles d’architectures. Les horreurs de la guerre de Trente Ans doivent nous faire réfléchir aux charmes de la paix et du narratif partagé.
Ce fut longtemps le rôle de la première des sciences : La théologie, qui attirait d’ailleurs souvent les meilleurs esprits. On peut pourtant s’interroger sur le lien entre celle-ci et les progrès matériels accomplis durant les derniers siècles. Le croyant m’accordera que si Dieu existe, nous ne l’avons pas vu revenir en gloire sur terre pour distribuer des engrais chimiques. Ceux-ci, nous les devons à Fritz Habervi, pourtant pas un zélote engagé du progrès humain.
On le constate, il y a eu un glissement de l’ingénierie vers le concept de science, comme une récupération du crédit public de ces innovations pour retremper la crédibilité du discours dominant. On comprend le politique, comme nous l’avons vu, la paix, la concorde civile à ses charmes, mais la démocratie exige que nous nous interrogions sur les fins poursuivies, surtout lorsque les procédés relèvent de l’extorsion de consentement.
On peut finalement faire dire beaucoup de choses à la science et la valeur performative du langage permet nombre d’errements. La théologie produisit de remarquables constructions intellectuelles et, malgré nombre de disputatio, fut-elle conclusive ?
Nous n’avons pas vu Dieu revenir sur terre pour cautionner ces travaux. Surtout, in fine, cette science ne parvint pas à enrayer le catharisme ; il fallut envoyer Simon de Montfort et l’inquisition à la rescousse de la sciencevii, leurs arguments pesaient plus. En Allemagne, la politique de Richelieu assura le succès des luthériens, pourtant dans l’erreur selon les canons de l’église, et finalement la cause de dieu eût davantage besoin de fondeurs de canons que de brillants exégètes de la Bible. La science marxiste et Dzerjinskiviii restaient à inventer. Heureusement, ces progrès furent faits pour nous permettre de bénéficier des remarquables travaux de Lysenkoix, l’humanité accédait au bonheur. Comme on le voit avec le lysenkisme, avec le soutien étatique et une propagande bien organisée, la science, bonne fille, sait conclure comme le demandent les commanditaires.
D’ailleurs, admirons les travaux de l’Institut Kaiser Wilhelm d’Anthropologie, de Génétique Humaine et d’Eugénisme (IKW), plus tard repris et approfondis par la SS. L’anthropologie fut mise au service de la thèse politique du peintre autrichien et ce consensus scientifique inattaquable (Il avait le soutien de Reinhard Heydrichx, remarquable professionnel de la répression) permit de gazer six millions de personnes. Le consensus scientifique avait triomphé et il ne saurait d’ailleurs être attaquéxi.
Après de si brillantes "réalisations", le simple retour de l’argument du consensus scientifique dans les médias devrait interroger des sociétés traumatisées par la Seconde Guerre mondiale et ses conséquences. Comme nous l’avons vu, la science est bonne fille, pas à soldats, mais à subventions, et les scientifiques sont des hommes comme les autres. Loin de vivre dans un monde éthéré de pure vérité et de recherche des terres inconnues de la nature, ils sont sensibles à l’argent, à l’orgueil, à la gloire médiatique.
Pourrions-nous remplacer les néphrologues devenus experts covid par Gobelineau ou Chamberlain sur les plateaux de LCI ? Hélas, oui, et ils disserteraient pendant des heures sur la forme des crânes qui démontre la supériorité de l’aryen sur le juif, ennemi de la civilisation, avec aussi peu d’objections que n’en ont rencontré les zélateurs de l’inoculât Pfizzer. Qu’avons-nous appris ?
Pourrions-nous reprendre les théories de ces gens comme le sont les théories du GIEC dans les médias ? Le Völkischer Beobachter confirme : nos médias modernes pratiquent aussi le bombardement de la thèse à la mode. La directrice de Radio Francexii utilise en tout cas les mêmes procédés pour faire taire les voix discordantes avec le discours officiel. Elle possède, espérons-le l’expertise suffisante pour certifier chaque mot d’un discours qu’elle défend avec des moyens aussi infâmes, mais la lecture de son CVxiii n’a pas permis d’en trouver la trace.
Oserais-je conjecturer que la situation est la même dans l’ensemble de nos médias et que le consensus scientifique semble plus une construction du monde de la communication qu’une réalité objective. Comment, sinon, expliquer des initiatives comme CLINTELxiv, l’association française des climato-réalistes ou nombre d’autres sommités scientifiques dont le discours est rendu inaudible ? Il est surprenant de constater combien Claude Allègre devint vite fou, une fois qu’il entreprit de défendre la mauvaise cause. Il n’avait sûrement aucune connaissance scientifique.
On le constate, il existe un biais de sélection médiatique sans lien avec la science, mais soutenu par les subventions d’État aux médias (6 mds par an en France) ou aux ONG. La Commission européenne est d’ailleurs championne dans ce domainexv. Les résultats suivent alors selon les principes de la pure sophistique les fonds alloués. Merci Docteur Goebbelsxvi et monsieur Bernaysxvii la science de la propagande est parfaitement fonctionnelle. Comme quoi, la science progresse ! (Mais curieusement, une fois encore, les praticiens n’ont pas rédigés de thèses !)
Surtout, la réforme des financements de la recherche, par projet et non par budget, mais par projets, rend les labos dépendants d’attributions régulières faites par des commissions administratives, des ONGxviii ou des entreprises privées. L’absence de financement pérenne garantirait-elle la soumission ? Si l’on peut se réjouir que le laboratoire de Monsieur Chavalarias soit bien financé, il est possible de s’interroger sur les chances de succès d’un dossier allant contre les conclusions du GIEC. Les voies discordantes au consensus scientifique sont des gens souvent juste à la retraite ou proche de celles-ci. Cette pyramide des âges doit nous alerter sur les pressions exercées au sein du monde universitaire.
En réalité, nous avons eu avec la création du GIEC la mise en place d’un système de rétroaction diablement efficace : Le GIEC cautionne des travaux soutenant ses thèses ; ensuite, le fait d’être repris par le GIEC permet d’obtenir des fonds auprès des agences de recherche nationales. Cela se nomme un biais de financement. Exactement ce qu’une science neutre à la recherche de la vérité devrait chercher à éviter. Mais alors, adieu carrière, financements et honneur. Il faudra revenir aux financements étatiques normaux, et affaiblis par des décennies de politiques néo-libérales, ceux-ci sont maigres.
Faut-il alors s’étonner de ce consensus ? Si on cherche, on finit par trouver, quitte à s’arranger avec les faits comme l’université d’East Anglia semble l’avoir fait. Mais, rassurons-nous, en tout bien tout honneur. Seulement, peut-on éclairer un débat démocratique avec une science aussi biaisée. La fameuse phrase de Voltaire devrait nous hanter :
« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire. »
Nous en sommes loin et chacun sait à quoi s’en tenir, nos dirigeants nous l’ont dit : il nous est interdit de dire ce avec quoi ils ne sont pas d’accord. Ils possèdent les moyens de contrôler universités et laboratoires. Alors, bien sûr, nous devons croire aux bonnes intentions de ces gens, mais, dans mes heures d’angoisse, un doute affreux me saisit.
Nous avons échoué à contrôler les attributions de fonds à la recherche qui, comme les subventions médiatiques, devraient être soumises à des jurys ou à un contrôle citoyen. Tous les leviers de commande sont aux mains d’une classe étroite, sûrement au service de ses propres intérêts.
Seulement, le jour où ceux-ci exigeront un nouveau bouc émissaire, combien de personnes devrons-nous tuer ou injecter au nom de la "SCIENCE"xix ?
ii Braudel,F (1987).Grammaire des civilisations, Arthaud.
ivCe que la Chine médiévale nous apprend sur la sur-réglementation de l'innovation - Institut Libéral
vThése développée dans cet article :
Réflexions sur la singularité occidentale - AgoraVox le média citoyen
xReinhard Heydrich — Wikipédia
et pour les œuvres complètes de l’individu : Saviez-vous que... : août 2014
xiLes juges de Nuremberg ne furent pourtant pas sensible à ce travail, comme quoi une bonne corde peut réviser les théories scientifiques.
xiiLa directrice de Radio France, Adèle Van Reeth, avoue : Nous censurons les voix discordantes "climatosceptiques" et "antivax" !
xviiiQui peuvent être manipulées :
Comment un mouvement politique a inventé ses propres fondements scientifiques.
xixJuste par curiosité, calculez la différence en nombre d’humains entre la population actuelle et la recommandation de ces gens :
Georgia Guidestones — Wikipédia
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