Vroum, testostérone & métaphysique : le Grand Prix de Brad Pitt !
J'en sors. Tout d'abord, la salle (UGC Odéon, Paris) était quasi pleine : Brad et ses bolides attirent. Plutôt des hommes seuls, ainsi que de jeunes couples. Beaucoup de popcorns. Top, le (popcorn) movie ! Pitt ne rime pas avec Pschitt. Bon, OK, ils ont un peu oublié le scénario en route. Ou plutôt, c’est une resucée du « combat » entre un jeune cador et un vieux de la vieille, façon Top Gun : Maverick (2022 — comme si le cinéaste Joseph Kosinski s’auto-citait), auquel plus personne ne croit, il est rangé des voitures et pourtant, pour le plaisir, que dis-je, l’amour de la course, il se décide pour un come-back inespéré. Qui ? Sonny Hayes, alias Brad Pitt, et il va en remontrer au p’tit jeune, Joshua Pearce, un jeune paon afro-américain, couvé par sa mère, et qui se prend un peu trop, déjà, pour Lewis Hamilton.
Sonny, le son de la créativité au volant
Alors, de quoi ça parle exactement ? Sonny Hayes, à la carrière que l'on croyait définitivement brisée par un accident quasi fatal, était le prodige de la Formule 1 dans les années 1990. Mais c'était avant son terrible accident. Trente ans plus tard - le vieillissement de la star Brad Pitt est la matière même, et première, du film -, devenu pilote indépendant et toujours frondeur (il y a du casse-cou retors en lui à jamais !), il est contacté par un certain Ruben Cervantes (campé ici malicieusement par Javier Bardem, pas rasé, et que l'on retrouve curieusement amaigri), qui n'est autre que le patron d'une écurie en faillite (APX GP pour Apex Grand Prix), et qui le convainc bientôt, contre vents et marées, de revenir pour sauver l'équipe, trop en roue libre, et, au passage, prouver aux autres qu'il est toujours le meilleur. Aux côtés du rookie - à savoir un pilote qui participe à sa première saison complète dans le championnat du monde de F1 - Joshua Pearce, un diamant brut de la course automobile prêt à devenir le numéro 1 suivi par une multitude de followers, Sonny réalise bien vite qu'en F1, son coéquipier de monoplace ultra-rapide est aussi potentiellement son plus grand rival. Sur fond de concurrence des ego, il découvre que le danger est absolument partout et qu'il risque de tout perdre. Show devant !
- Joshua Pearce (Damson Idris) et Brad Pitt (Sonny Hayes) de l’écurie APX GP : amis ou rivaux ? ©Photo 2025 Warner Bros. Entertainment Inc.
Produit en partenariat avec le milieu de la Formule 1, F1, au budget conséquent (on parle de 300 millions de dollars, même Tom Cruise, qui courtise régulièrement la vitesse, est jaloux !), propose une virée maximale dans le réalisme à tous crins, et crissements de pneus tous azimuts, comme si on y était : le film, ne boudons pas notre plaisir, a un côté montagnes russes plaisant. Ce long fuselé telle une fusée filmique euphorisante, signé - ou plutôt siglé - Joseph Kosinski (connu pour le deuxième Top Gun réussi, avec la star défunte Val Kilmer, mais aussi pour Tron 3-D, nouvelle version (2010), boostée par les Daft Punk (ici, avec F1, c’est le vétéran Hans Zimmer (67 printemps) à la sono et au « sound design »), et pour Oblivion (2013)), a été tourné lors de plusieurs véritables Grands Prix de Formule 1. Waouh ! Et, pour s'assurer de l'authenticité du projet, le septuple champion du monde de la discipline, Lewis Hamilton, pilote automobile anglais né en 1985, a coproduit l'objet-film tout en apportant également son expertise précieuse du milieu. Pour la petite histoire, on croise aussi en vrai - ou en tout cas, on entend parler d’eux - entre autres les pilotes contemporains suivants : Max Verstappen, Fernando Alonso, Charles Leclerc et Carlos Sainz Jr. Bref, question hyperréalisme à toute épreuve, on est royalement servis ! Et ce n’est que le début de la course, croyez-moi…
- Steve McQueen dans « Le Mans », tourné en grande partie pendant la véritable édition 1970 des 24 heures du Mans
Au final, c’est de la bonne grosse testostérone (©photos VD, pour la plupart), boostée par de la belle ouvrage, comme on dit, et vice-versa. Ça turbine, ça fonce, ça mouline, ça « design » à fond les ballons, et les feux d’artifice : on est dans Le Mans (1971, Steve McQueen aux commandes, Michel Legrand à la bande-son), puissance 1000 en termes de sensations, avec aussi des envolées de jeux vidéo et de fête foraine hallucinogène, s’enroulant dans le souvenir de Speed Racer (2008), des sœurs Wachowski (on le sait, Lana et Lilly ont dit non à leur zgeg masculiniste) et de Tron : Legacy (L’Héritage), que l’on doit justement, on l’a vu, au même Kosinski. C’est viril à donf. Même la nana principale (parce que l’autre, plus jeune, n’est qu’une petite timide du stand de la même écurie outsider- qui se révélera sur la distance, forcément), eh bien, elle est méga-burnée, la Kate McKenna (alias Kerry Condon, à l'allure sportive, toute sémillante), un gros caractère de femme forte et de directrice technique de pointe, ingénieure triée sur le volet itou itou et, comme tous les mecs du film (la F1 y est reine, d’où le titre elliptique, et percutant, du film, F1, sonnant comme un signe de ralliement, l’automobile et le cinéma, machines rutilantes, faisant souvent bon ménage), elle a sacrément le goût de la victoire. Pour elle, c'est cela avant tout qui prime et l'excite, elle le dit clairement.
Le plus ? Brad, le loser… winner. La boucle est bouclée. Faut savoir perdre (un temps) pour gagner. C’est la morale du film, son viatique, ainsi que le « Calme c’est fluide, et fluide c’est rapide », comme lui disait son papa, et comme dans la Marine américaine cela se dit encore : chez les Navy Seals, avec Lent pour Calme. Et à la toute fin même, Brad McQueen, sur le circuit, s’envole, loin d’être à bout de course (il en garde sous la pédale), dans un trip métaphysique planant et malickien, et on est avec lui, quitte à s’envoyer en l’air avec - dans le registre de la métaphore bien sûr : restons raisonnables.
Brad Vite, oups… pardon Pitt, dans son cock-Pitt, avec le vit moulé qui va avec (combinaison blanche iconique : il est toujours, et plus que jamais, la patine du temps aidant, un sex-symbol, pouvant encore prétendre, n’en doutons pas, au titre de « L’Homme le plus sexy du monde » !), est hypra-cool. C’est vraiment le Prince du Cool contemporain ; il n’a pas à rougir de la comparaison avec feu Steve McQueen (Bullitt, Le Mans, Le Chasseur, La Grande Évasion, La Tour infernale), même si certainement moins mythologique encore (il faut dire que Steve est mort jeune, à tout juste 50 ans, ça aide !).
- Brad Pitt (Cliff Booth), sur le toit de la maison de Rick Dalton (Leonardo DiCaprio), dans « Once Upon a Time... in Hollywood », 2019, de Quentin Tarantino
Ce que j’ai aimé, c’est qu’on dirait qu’au tout début, avec son air las, limite chemise hawaïenne défraîchie, il sort tout juste, mêlant van et vannes, de Once Upon a Time… in Hollywood (2019, Quentin Tarantino, dans lequel on croisait déjà Steve McQueen, et accessoirement Bruce Lee !, en personne, notamment à une surprise-party), où il jouait un cascadeur sur le retour à qui on ne la fait pas dans le milieu du cinoche hollywoodien et d’exploitation (seconde zone). Souvenez-vous du beau gosse bronzé XXL qu’il était, quand, cool Raoul (ou Cliff Booth), il allait torse nu, après avoir retiré chemise mordorée et t-shirt blanc (de) Champion, réparer une antenne de télé dans les seventies de la Californie suave, sur le toit d'une maison et sous le soleil exactement, ajouterait Gainsbarre, c’était « glam’ musculeux » au possible. Ensuite, vous me suivez toujours ?, il fait une large escapade (2h35, le film F1, vroum badaboum !), pour revenir à la toute fin, lorsqu’après sa victoire en pole position sur le circuit d’Abu Dhabi, il fait, tout tranquillou et le sourire aux lèvres, coiffé en pétard, du quad tout en cabossage fun sur une plage americana-latina (course de baja, qu’ils disent). Retour à la case départ et à l’un de ses plus grands films à ce jour (le Tarantino rétro et nostalgique).
- Un certain Paul Verhoeven, cinéaste dissident, à tendance kamikaze
Voilà, c’est ça un acteur, ou une star : il trimballe sa filmographie avec lui. On fait toujours du metteur en scène, un peu de manière naïve d’ailleurs, le créateur absolu du film, comme s’il tirait toutes les ficelles. Mais c’est faux : c’est un travail d’équipe (ce film F… ormidable 1 en fait l’éloge d’ailleurs, l’écurie Apex ne gagne que par l’union de ses éléments, entre lumière et ombre, faisant sa force). Un (grand) acteur, ou actrice hein, est aussi partie prenante dans le résultat du film - je veux dire qu’il a une part active dans son processus, sa créativité, et dans sa réception du côté des spectateurs. D'ailleurs, le grand cinéaste hollandais Paul Verhoeven - soit dit en passant, ce F1 manque quelque peu de son grain de folie libérateur et de son douzième degré à l’œuvre ; perso, je pense qu’il lui aurait davantage apporté un côté Mad Max sous perfusion de Formule 1, après tout même les bolides les plus rapides ont besoin d’un grain de sable pour faire jaillir l’étincelle -, ayant fait un temps carrière à Hollywood (de La Chair et le Sang à Hollow Man, via RoboCop, Total Recall, Starship Troopers et autres Showgirls) et bénéficiant tout dernièrement d’un livre-somme récapitulatif passionnant sur sa brillante carrière (Paul Verhoeven, par Rob Van Scheers, traduit par Anne-Laure Vignaux, aux Forges de Vulcain, 752 pages), ne dit pas autre chose dans un Libé récent (n° 13679, lundi 7 juillet 2025, article « Tout m’est toujours tombé dessus », en pages 34-35, propos recueillis par Lelo Jimmy Batista) : « Je trouve qu’on surestime beaucoup trop le rôle de réalisateur. On le met sur un piédestal, on fait comme si tout venait de lui, mais ce n’est jamais le cas. Mes films, c’est à 70 % l’équipe et le casting. Moi, je ne représente que 30 %, au mieux. » Dont acte. Et retour au film en question, après ce petit détour.
- La F1, le film comme le sport automobile, avec le « Qatar Airways » pour ultime horizon ?
Bref, tout ça pour dire que, suite à F1 (ou J'ai Faim), j’ai eu envie de revoir le dernier Tarantino en date, Il était une fois à… Hollywood, au nom de code suivant : Il était une fois le Cool. Et Brad Pitt, à n’en pas douter, en est désormais l’une de ses figures cardinales. Olé ! Autre chose, attention spoiler : dans une belle scène de F1 (les trois protagonistes principaux jouent au poker dans une boîte de nuit de Las Vegas pour savoir qui sera le leader de la course du lendemain), Kosinski est à deux doigts de glisser dans le filmage cool et glamour, façon l’« easy filming » classieux de Soderbergh ou la touche vintage grisante de Tarantino. Mais, dommage, il ne s’y risque pas, restant un peu « coincé » avec le cahier des charges de son blockbuster. Avec le temps, je pense qu’il s’autorisera à lâcher un peu plus la bride. La scène en nocturne, joueuse, reste tout de même réussie.
Prost, la F1 made in France : cocorico et gomme (non) brûlée !
- Le cinéma et la voiture de course : une longue histoire d’amour, avec moult acteurs-pilotes, tels Paul Newman - cf. visuel -, notamment dans « Winning » (Virages, 1969, de James Goldstone), Jean-Louis Trintignant, Steve McQueen et Michael Fassbender
Le plus encore de F1 ? Ne pas oublier les anciens. Comme Brad Pitt est sur le retour, il a croisé, nous dit le fil narratif, les plus grands, comme Schumacher, Ayrton Senna (vu comme un Dieu là-dedans), Nigel Mansell et Prost — cocorico, un Français, Alain Prost, dit « Le Professeur » (conduite de connaisseur prudent), est cité ! Ce retour dans le rétroviseur est bien vu. Rappeler que, comme pour un art, la Formule 1 a une histoire avec ses grandes figures consacrées, voire ses légendes (cf. le Brésilien, toujours égérie des montres de luxe suisses TAG Heuer - McQueen aussi ! -, beau gosse, bad boy et mort au champ d’honneur routier, Ayrton Senna, 1960, São Paulo – 1994, Bologne). La Formule 1 va vite, mais elle a un héritage. N’oublions pas son passé, et son lourd passif (les morts sur la route, les accidentés de la vie, la prise de risque trompe-la-mort, qui participent d’ailleurs de sa mythologie mortifère : Éros/Thanatos, quand tu nous tiens — c’est parce qu’il y a un os, la mort aux trousses, qu’elle fascine tant). D’ailleurs, n’est-elle pas un art (façon la tauromachie, la Red Bull en sait quelque chose), tant elle vise l’osmose entre l’homme (le conducteur) et la machine (son pinceau de vitesse) ? Ça se discute.
Pendant le film, des questions me taraudaient : pourquoi la F1 n’est-elle pas aux Jeux Olympiques ? Parce que, selon la formule consacrée, celle-ci repose sur la performance technologique des voitures et non uniquement sur les capacités physiques des athlètes — ce qui va à l’encontre des principes des Jeux olympiques. Bon, bah, OK, faisons-en un art à part entière alors, en la sortant du giron exclusif du sport, et ainsi le tour est joué. Pour autant, ça reste un sport, puisqu’elle est bâtie sur l’esprit de compétition à l’extrême. Même dans l’entraînement, la compétition (se préparer à gagner) joue.
- Le champion de Formule 1 Lewis Hamilton et Brad Pitt
Et s’y trouve aussi la question de l’ancien et du moderne. Et c’est trop drôle, mine de rien, F1 ne cesse de prendre de vieilles recettes, comme dans Rocky IV (1985, sous l’ère survitaminée Reagan), où Sly/Balboa s’entraînait à la dure dehors, des pompes à gogo, soulever des rondins, courir dans la neige, grimper des montagnes et utiliser des moyens rudimentaires, incarnant force brute, détermination et esprit de résilience. Pendant que le méchant Russe Drago, alias Dolph Lundgren, utilisait une technologie (douteuse) de haute volée, s’entraînant dans un centre ultra-moderne, avec des machines sophistiquées, des capteurs, des stéroïdes, et un encadrement scientifique, symbolisant la puissance technologique et contrôlée de l’Union soviétique (salauds de Rouges !). Eh bien, dans F1, le vieux Brad s’entraîne à l’ancienne : jongle de petites balles et lancer de cartes à jouer dans une corbeille de fortune, alors que le jeune Joshua passe, lui, par de la conduite assistée en réalité virtuelle et des capteurs sur son corps et son cerveau, pour maximiser ses performances et sa coordination d’ensemble, hyper sophistiqués. Trop marrant ! Ce n’est pas au vieux singe (Brad et ses petites rides charmantes au coin des lèvres) qu’on apprend à faire la grimace.
Dernière chose : le film est trop sage. Pas assez sexy. J’aurais voulu plus de folie ambiante, sur le tarmac, autour des courses. Ne dit-on pas que les plus belles beautés féminines, comme tout droit sorties d’un podium de mode, virevoltent autour des pilotes, histoire d’en décrocher un (le Graal masculin, le prestige, la thune, la célébrité par procuration) ? Et où sont les pom-pom girls ? Il n’y en a pas sur les circuits de course. Je n’en ai croisées aucune. Bizarre. Et zut ! Mais, peut-être que je me trompe de sport, je ne suis pas expert en Formule 1. Bon, à l'instant, on me dit dans l'oreillette, après vérification, qu'elles sont parties depuis 2018, car jugées incompatibles avec les normes sociétales contemporaines, notamment en matière d'égalité et de respect - c'est un peu fort de café, non ? Où est l'esprit de la fête ? Interdira-t-on aussi bientôt les joyeuses majorettes ?
- Brad... McQueen est de retour !
En outre, et là sans aucune gêne (et après tout, pourquoi pas ? Il y a plein d’autres milieux où le fric impose durement sa loi, tels le foot et l’art contemporain bling-bling pour riches, avec signes extérieurs de richesse (les pièces uniques achetées à prix d’or), piloté par le marché de l’art et les artistes-entrepreneurs, qui délèguent tout ; juste leur griffe reconnaissable suffit désormais pour les vendre au centuple), le film célèbre grandement le circuit… d’Abu Dhabi. On voit des hommes en djellaba et turban, blancs comme neige, de partout, comme lorsque l’on avait vu l’Argentin Messi(e), auteur de sept buts lors de cette compétition (dont un doublé en finale contre la France), devoir porter une tenue du cru - à savoir une tenue traditionnelle, aux bordures dorées, appelée bisht, très jolie d’ailleurs, symbole de prestige et de solennité - lorsqu’il avait gagné en 2022 la Coupe du monde de foot au Qatar. Maintenant, comment dire, c’est monnaie courante : l'entrisme en « soft power » du Qatar infiniment blindé ; on le voit bien avec notre PSG hexagonal triomphant, devenu une marque (bien au-delà du foot), sponsorisé de ouf par le Qatar. Mais, ici, attention, je ne juge pas, je fais juste un constat… du temps présent. On prend les capitaux, d’où qu’ils viennent, même si fâcheusement c’est possiblement en eaux troubles, et on la ferme ! À l’instar du plasticien ricain Jeff Koons qui édulcore ses créations soi-disant provocatrices (avec le temps, et la redite ratiocinante, ça s’use), quand il expose dans les pays arabes pour, dit-il, en bon VRP lisse et neutre qu’il est, ne pas choquer. Bouffon ! P'tit joueur !! Appelez-moi fissa Chuck Norris !!!
- Du calme plat extérieur au bouillonnement intérieur : Brad Pitt, non dépité, dans « F1 » (2025, J. Kosinski)
Mais où est donc passé le Grand Prix culte de Monaco ?
Enfin, j’attribue 4 étoiles à ce film F1, et pas 5, pour la simple et bonne raison qu’ils - réalisateur, producteurs et acteurs - font l’impasse, alors que les autres circuits sont largement fêtés et arpentés (du Grand Prix d’Espagne - où dans le passé Sonny/Brad a eu son terrible accident, qui a mis un sérieux frein à sa carrière prometteuse - au circuit Yas Marina (d'Abou Dabi, gorgé de pétrole et de pognon à tout-va) en passant par le Grand Prix de Grande-Bretagne à Silverstone, le Grand Prix de Hongrie à Hungaroring, le fameux Grand Prix d’Italie à Monza rimant avec Senna (même s’il n’y a gagné que deux fois, en 1990 et 1992, sur McLaren-Honda), le Grand Prix de Belgique à Spa-Francorchamps (même nos amis belges, n’est-il pas, sont servis, ils ont grave la frite depuis !) et autres Grand Prix de Las Vegas +, last but not least, les Pays-Bas, Suzuka au Japon, Mexico), sur le plus circuit du monde, celui de… Monaco. Bouh ! Les cocos d'Amerloques, ils ont oublié en route notre Monaco, ce nectar d'été, rouge rubis ensoleillé, aux reflets dorés crépusculaires. Pas bien.
Extraordinaire, ce « court-circuit », parce qu’il se situe en pleine ville (certes ce n’est pas le seul circuit urbain au monde), et quelle audace dans sa forme (avec plein de circonvolutions difficiles et de virages aigus périlleux à gérer pour les pilotes, devant ainsi faire preuve de leur panache et de leur dextérité au volant), et qu’on y voit très bien, par le truchement des caméras télé, les spectateurs et leur enthousiasme sur les abords de la course automobile frénétique, et ô combien de prestige.
- Tom Cruise & Brad Pitt. « Entretien avec un vampire » opus 2 : mission impossible ?
Le circuit du Grand Prix de Monaco, créé en 1929 (et c'est un peu la France, en tout cas, géographiquement, on « l'héberge » !), est iconique par excellence, avec sa configuration extrêmement étroite (tracé étroit et sinueux, tel un renflement brun interdit), son ancienneté et son cadre glamour, sans oublier aussi, en annexe, son décor spectaculaire, et disons-le, hautement cinématographique (cf. les rues exiguës de Monte-Carlo, son bord de mer, ses yachts, ses hôtels de luxe, ses beautés langoureuses princières, sa blondeur en chignon, et glacée, hitchcockienne, ses bâtiments historiques). Or F1, diantre, fait carrément l’impasse dessus. Quelle erreur (sportive, mais surtout artistique) de taille ! J'étais quelque peu furax. À part ça, et sûrement que je chipote de trop, le film se laisse voir avec plaisir. Franchement, en tant que symphonie mécanique célébrant la F1 comme mythologie, ce film, bien fait, fait le job, et je pense que ses nombreux fans à travers le monde ne seront pas déçus, notamment en matière de vacarme pétaradant des moteurs : les bolides-avions de chasse y font un bruit assourdissant de mouches supersoniques ! De trajectoires un peu folles et de tôle froissée en veux-tu en voilà, faisant des étincelles extatiques comme autant d'explosantes-fixes fascinantes.
Et, assurément, c’est, selon moi, l’un des tout meilleurs, dans le registre blockbuster US (via le respect des figures imposées du genre, à fort potentiel commercial), de l’ami américain Brad Pitt (Thelma & Louise, Fight Club, Se7en, L’Étrange Histoire de Benjamin Button, Burn After Reading, Ad Astra, Inglourious Basterds, The Tree of Life, L’Armée des 12 singes, World War Z, Twelve Years a Slave, Once Upon a Time… in Hollywood) — c’est déjà ça. La suite, aux prochaines aventures, et toujours à fond la caisse ?
F1 le Film (2025 – 2h35). États-Unis. De Joseph Kosinski. Producteur : Jerry Bruckheimer. Avec Brad Pitt, Damson Idris, Javier Bardem, Kerry Condon, Tobias Menzies, Sarah Niles, Kim Bodnia. En salles depuis le 25 juin 2025.
3 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON