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Commentaire de Gisèle Maudal

sur Ressassement


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Gisèle Maudal (---.---.249.25) 19 décembre 2005 10:58

Tellement d’accord avec vous sur le rassassement du passé pour ne pas se tourner vers un avenir qui fait peur et qu’on maîtrise de moins en moins. Quand cesserons-nous cette auto-flagellation ? Est-ce le seul moyen de conjurer notre déclin et notre impuissance à maîtriser notre destin ? Notre population vieillissante a peur de tout. « Syndrôme du p’tit vieux » qui se boucle à quadruple tour parce qu’il a peur de tout, surtout des autres d’ailleurs. Peur de l’avenir, car au bout il y a la mort.

Je vous recommande l’excellent (je dis excellent parce que je partage totalement ce point de vue...) article de François Chandernagor, historienne en plus d’être un grand auteur -au passage,elle-même descendante d’esclave affranchi- : « L’enfer des bonnes intentions » (Le Monde d’aujourd’hui. Je crois qu’il faut être abonné pour accéder au texte, mais il est aussi dans la version papier).

Un extrait : « En tant que descendante d’esclave (le premier Chandernagor était un esclave réunionnais affranchi), je me suis réjouie que cette loi définisse l’esclavage comme un »crime contre l’humanité« et prévoie la commémoration officielle de son abolition. Mais je me suis inquiétée de voir qu’elle allait plus loin que la loi Gayssot, et sur des bases historiques plus incertaines. La portée du titre est certes générale : » Loi tendant à la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité« . Mais, dès l’article premier, la condamnation ne porte plus que sur la »traite négrière transatlantique« , c’est-à-dire le crime commis par les pays occidentaux. On ne dit rien, en revanche, de la traite transsaharienne qui a permis pendant douze siècles aux marchands arabes d’approvisionner en esclaves l’Egypte et le Moyen-Orient ; rien non plus des traites interafricaines. Bien que quantitativement importantes, celles-là ne sont pas, selon notre loi, des »crimes contre l’humanité« . Pourquoi ? On voudrait croire que notre Parlement n’a voulu légiférer, cette fois, que sur des crimes commis par des Français : eh bien, non ! Si c’était le cas, la loi ne remonterait pas jusqu’au XVe siècle : comme à cette époque la France ne participait pas à la traite, c’est, ici, l’histoire des Portugais, des Hollandais, des Espagnols et des Anglais qu’ont choisi d’écrire les députés français. Incorrigibles ! ».

Quand nous cesserons de nous cacher que la France est en déclin et que nous oserons enfin aborder le problème en face, alors nous aurons déjà fait un bout du chemin. En attendant, arrêtons de nous accuser des crimes de nos ancêtres. Ou alors, soyons honnêtes et dénonçons les crimes commis par le passé dans chaque pays : la traite des Noirs par les Noirs qui vendaient leurs frères aux négriers blancs, l’esclavage commis par les Arabes, etc.

Pourquoi ces mêmes personnes si attachés à faire reconnaître l’esclavage ne dénoncent-elles pas l’esclavage pratiqué à Dubaï aujourd’hui en toute impunité ? Ces travailleurs qui pensent trouver un Eldorado en venant à Dubaï pour y travailler, payés une misère, et à qui on retire le passeport pour les empêcher de repartir chez eux ! Ca, tous ceux qui dénoncent des crimes contre lesquels on ne peut rien aujourd’hui si ce n’est les reconnaître et confier aux historiens -et non aux politiques- le soin de les évoquer ojectivement dans les livres d’histoire. Cette horreur-là ne choque pas ces donneurs de leçons (certains -à leur insu- descendants de négriers ou de chefs de tribu coupables d’avoir vendu leurs frères...) ! Désolée, mais moi je trouve ça à pleurer.


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